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Le 14 mai 2020, la Cour de cassation a annulé un jugement rendu en matière de construction pour violation du principe de la contradiction au motif que le tribunal s’était fondé exclusivement sur une expertise non judiciaire réalisée à la demande d’une partie1. La haute juridiction a estimé indifférente la circonstance que la partie adverse ait été dûment convoquée aux opérations d’expertise.

Cette décision polémique est l’occasion de souligner la persistance de particularismes étatiques sur la question de la preuve susceptibles d’être déterminant pour la stratégie contentieuse.

Une bataille ordinaire de rapports d’experts

Les faits de l’espèce sont tout à fait communs. Un particulier avait confié à un entrepreneur la réfection d’un escalier extérieur. Se plaignant de malfaçons, il a refusé de régler le solde du marché. 

L’assureur de l’entrepreneur a diligenté une expertise amiable contradictoire qui a conclu à l’absence de malfaçons. Insatisfait du résultat, le maître de l’ouvrage a recouru à une autre expertise, à laquelle l’entrepreneur et son assureur ont été dûment convoqués, concluant quant à elle à la nécessité de travaux de reprise.

Un contentieux s’en est suivi, aboutissant à un jugement condamnant l’entrepreneur à indemniser le maître de l’ouvrage en raison de malfaçons commises lors de la réfection de l’escalier et refusant la demande de paiement du solde restant dû. Compte tenu de la modicité du montant en jeu (moins de 2000€), l’appel n’était pas ouvert et l’entrepreneur a formé un pourvoi en cassation. 

Le jugement est cassé et annulé pour deux motifs. D’une part, le tribunal a violé le principe de la contradiction en se fondant exclusivement sur une expertise non judiciaire réalisée à la demande de l’une des parties. D’autre part, le tribunal a violé le principe de réparation intégrale en réparant deux fois le même préjudice compte tenu des dommages-intérêts alloués et du rejet de la demande de paiement du solde restant dû.